H
A I K U S P
I R I T
Shiki
1892
De la luciole
dans ma main,
lumière froide
Vent d'hiver ~
le sifflement de la bouilloire
pendue au crochet
1893 NOUVEL AN
Loin dans les montagnes ~
les décorations du nouvel an
sur une maison sans visiteurs
Bruit de la solitude ~
crépitements dans le foyer
de bouts de bois enneigés
De la fenêtre du fond
dans la neige qui tombe
le visage d'une femme qui observe
Sous mes semelles
le doux parfum
des herbes de la plaine
Au-dessus des cimes
très loin
les feux d'artifices
Des lotus
en fleur ici ~
gare isolée
Une carpe saute
des rides
à la lune d'automne
1894
Bouddha de pierre ~
des feuilles sont tombées
dans ses mains
Pagode à cinq étages
surgissant
des arbres nus
1895
Un train passe
sa fumée s'enroule
autour des feuilles d'un jeune arbre
A l'aube
une voile blanche passe
de l'autre côté de ma
moustiquaire
Ma veste d'été
veut se débarrasser de moi
et s'envoler
Temple de Suma
Je jette deux pièces
emprunte le porche du temple
pour me détendre
Il fait si bon ~
même par le trou d'une lanterne
de pierre
la mer
Bouddha aussi ~
il a ouvert ses portes
pour se rafraîchir
Coucher de soleil ~
les gens s'agglutinent autour
des filets à sardines
Pour dire au revoir à Soseki
Pour moi qui m'en vais,
pour toi qui restes
deux automnes
De plus en plus paresseux ~
j'enlève mes chaussettes
après être allé
au lit
J'ai si froid aux mains
que je ne peux tenir mon pinceau ~
presque minuit
Le soleil matinal éclaire
les longs et les petits
glaçons sous le toit
Nettoyage de fin d'année ~
dieux et bouddha
assis sur l'herbe
1896
boutique de province ~
la chaleur de la vapeur
des haricots rouges et du riz
Nuits froides ~
aux bains publics
quelqu'un est parti avec mes sabots
Petit couteau ~
je m'en sers pour tailler les crayons,
peler les poires
Vieux jardin ~
sous la lune, je jette
l'eau d'une bouillote
Chute de neige : quatre poèmes
d'un alité
1
Il neige !
je peux la voir par le trou
dans le soji
2
Je demande encore
combien y-at-il
de neige
3
Toutes mes pensées :
alité ici
dans une maison sous toute cette neige
4
Ouvre le soji ~
laisse-moi voir
cette neige d'Ueno !
1897
Rangement des livres ~
aujourd'hui je vais m'occuper
des receuils de haïku
Après l'orage
un arbre sous le soleil du soir
le chant d'une cigale
1898
Dites-leur
que j'étais un mangeur de kakis
qui aimait les haïku !
1898
Petite fille,
les semelles vertes
après sa promenade dans les
herbes
Je me sens un peu mieux
Mets la chaise là ~
où mes genoux
touchent les roses
Je me remets, oui ~
mais mes yeux sont fatigués
de ne voir que des roses !
L'ombre d ela lune d'automne ~
elle atteint même
les joueurs de go
1899
Je crois que je mourrai
en train de manger des pommes,
au milieu de pivoines
Par la porte vitrée
les rayons du soleil d'hiver ~
chambre d'un malade
1900
Les voeux de bonne année ~
cinq ou six personnes
autour du lit d'un malade
Une pomme rouge
une pomme verte
sur la table
Grillons ~
au fond du jardin
où est enterré le chien
1902
De ma chambre (dictés de mon
lit de malade)
Il fait si froid ~
mais je mange cette mandarine
après avoir pris mes
médicaments
Tout seul à la maison ~
ma mère partie voir les fleurs
de cerisiers
je regarde la pendule
Ils ont abattu le saule ~
les martins-pêcheurs
ne viennent plus
De temps en temps
je lève la tête pour
voir :
les trèfles du jardin
Violet si profond
que c'est presque noir ~
les raisins
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Autres haïku (pas de date)
Papillon blanc
qui virevolte au milieu des fleurs :
de qui es-tu l'esprit ?
Fauteuil en osier
à l'ombre du pin,
oublié
Rocher
dans la plaine d'été ~
un siège pour le monde
Ciel d'été
après la pluie ~
parade de fourmis
Imaginez ~
le moine est parti
avant que la lune brille
Oublié depuis longtemps ~
un pot avec une fleur épanouie
en cette journée de printemps
Traduction : Gilles Fabre