H  A  I  K  U     S  P  I  R  I  T
Buson

buson


PRINTEMPS







Nouvel An
et le lendemain
brume un peu partout à Kyoto






Les jours s'allongent !
un faisan s'est envolé
jusqu'au pont






Le coude blanc
d'un moine qui fait la sieste !
couchant de printemps






Comme ça
on fait brûler de l'encens ~
fin de journée de printemps






La flamme d'une bougie
allume un autre bougie ~
crépuscule de printemps






Le printemps s'en va ~
hésitantes et indécises
les dernières fleurs de cerisiers






La sculpture du
Bouddha allongé juste terminée
à la fin du printemps






Le printemps s'en va
on ne sait où ~
bateau au mouillage






Pluie de printemps !
quelqu'un vit ici maintenant
de la fumée sort du mur






L'étang et la rivière
ses ont unis
sous lapluie de printemps






Un temple de montagne ~
on a mal sonné une cloche
qui résonne vaguement dans le brouillard






Pas de pont
et le jour touche à sa fin ~
rivière de printemps






La mer de printemps
toute la journée tangue
et tangue !






Un cerf-volant
qui était dans le ciel hier
est toujours là






Un coucou
se promène ça et là
entre les chaumières






Un coucou chante
au loin toute la journée ~
un fermier dans son champ






Sur la cloche
immobile dans son sommeil
un papillon !






Elles avalent les nuages
et recrachent des fleurs ~
montagnes de Yoshino !






A Yoshino
je suis un raccourci ~
fleurs de cerisiers de montagne






Vieux temple
et un pot en terre cuite jeté
dans le carré de persil






A un vieux crochet
pend la casquette d'un fonctionnaire ~
l'auberge de printemps






ETE






Courte est la nuit ~
sur les poils de la chenille
des perles de rosée






Un fermier
qui continue son labeur ~
quelle canicule !






Sous la pluie d'été
il est devenu invisible
ce petit sentier !






Première pluie d'été ~
faisant face à la rivière
des maisons, deux en fait






Un garde du temple
regarde vaguement l'herbe ~
lune d'été






Impossible de m'endormir
je sors de la chaumière ~
lune d'été






Le tailleur de pierre
refroidit dans la montagne son ciseau
dans de l'eau pure !






Un prêtre à la maison ce soir ~
avec quelle joie la moustiquaire
est pendue






A l'aube
les poissons qui ont échappé aux cormorans
nagent dans les bas-fonds






Le vent des montagnes
caresse les jeunes plants de riz
en passant






La divorcée aussi
doit aller au champ
pour repiquer le riz !






Vent du soir ~
de l'eau percute
les pattes d'un héron bleu






Le vol d'une chauve-souris !
la voisine d'en face
regarde dans ma direction






Seul le mont Fuji
n'en est pas recouvert ~
les nouvelles feuilles






Après avoir coupé la pivoine
mon esprit semble s'être vidé ~
crépuscule






Une fourmi de montagne ~
comme on la voit bien
sur une pivoine blanche !






Chardon en fleur ~
le sentier qui mène à mon village
est comme ça !






Lotus blanc
faut-il le couper ?
dilemne du prêtre






AUTOMNE






L'automne est arrivé
sans aucun doute ~
atchoum !






Une lanterne à la main
je sors un gros édredon ~
nuit froide !






Un grillon escalade
le crochet de la bouilloire dans le foyer ~
nuit froide






Avec le nez qui coule
je joue au go tout seul ~
nuit froide






Un prêtre sans le sou
sculpte un Bouddha ~
nuit froide






Etre seul
peut aussi être agréable ~
crépuscule d'automne






Dans ma solitude
ma canne laissée quelque part
un soir d'automne






Seul
je rends visite à quelqu'un qui est seul
un soir d'automne






Nuit d'automne ~
en train de lire un vieux livre
le prêtre de Nara






D'autant plus
que je suis seul
la lune est une amie






Vent d'automne
on a pendu des petits poissons à sécher
sous le toit de la maison en bord de plage






Libellules
de mon village adoré
la couleur des murs !






Les draps
du poète Saigyo sont sortis ~
feuilles d'érable






Un village de cent maisons
et pas un portail
sans chrysanthème






Dans un vent violent
coupant l'herbe des pamapas
un vieil homme
 





Ils sont splendides
après la tempête d'automne
ces poivrons rouges






Ce bandit de grand chemin
maintenant un disciple au crâne rasé
qui voyage en automne






HIVER






Oubliée la vieille offrande
de riz à Bouddha ~
qu'il fait froid !






Pour sonner la cloche du temple
je sors de mon édredon ~
quel froid !






Dans les montagnes d'Hida
le mont-de-piété du village est fermé ~
soirée d'hiver






En banlieue
Silence
dans un champ avec des chênes
la lune d'hiver






Sous la lune d'hiver
il coupe du bois pour le feu
l'homme du temple !






Lune d'hiver !
je croise un prêtre
sur le pont






Lune d'hiver !
au milieu des arbres nus
trois bambous






Le bac
et celui qui vient de le rater
sous la première pluie de l'hiver






En train de porter une casserole
sur un petit pont à Yodo
une personne dans la neige






Un matin de neige
et de la fumée sort du toit d'une cuisine ~
que c'est bon






Vent glacial ! en train de lire
des caractères gravés dans la pierre
un prêtre seul






Vent d'hiver !
un vendeur de charbon tout seul
à bord du petit bac






La rivière en hiver !
dans son bateau lavant les légumes
il y a une femme






Rivière en hiver ~
qui a laissé sur la berge
un navet rouge ?






Je me couvre la tête
ou les pieds
avec ce vieil édredon ?






Où l'on vend de la baleine
les couteaux du marché
résonnent !






Les fleurs du théier ~
blanches ou jaunes
difficile à dire






Moi aussi quand je serai mort
je veux être près de cette borne en pierre ~
l'herbe fanée des pampas








Traduction : Gilles Fabre





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